Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/161

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clinquant, ils seraient plus à la mode ; mais la nature m’a refusé le talent de rassembler des mots, l’un de l’autre étonnés, hurlant d’effroi de se voir accouplés. Je m’humilie devant ceux qu’elle a mieux traités que moi. »

Condorcet se trompait en montrant tant de défiance pour un travail qui lui donna dans l’Académie une imposante majorité, et dont Voltaire, d’Alembert et Lagrange ne parlaient jamais qu’avec une grande estime.

Le 9 avril 1773, d’Alembert écrivait à Lagrange : « Condorcet méritait bien la survivance de la place de secrétaire, par les excellents éloges, qu’il vient de publier, des académiciens morts depuis 1699… Ils ont eu ici un succès unanime. »

« Cet ouvrage, disait Voltaire à la date du 1er mars 1774, est un monument bien précieux. Vous paraissez partout le maître de ceux dont vous parlez, mais un maître doux et modeste. C’est un roi qui fait l’histoire de ses sujets. »

Un pareil suffrage assignait aux premiers essais de Condorcet, sous le double rapport du fond et de la forme, un rang d’où la malveillance a vainement tenté de les faire descendre.

Condorcet était à peine entré en relation avec M. de Fouchy, qu’il en reçut la mission d’écrire plusieurs éloges, entre autres celui du géomètre Fontaine, mort le 21 août 1771. Des difficultés imprévues vinrent aussitôt l’assaillir. Lorsque Condorcet traçait les biographies des premiers membres de l’Académie des sciences, un siècle avait mis toutes choses à leur véritable place : personnes, travaux et découvertes ; alors, il ne s’agissait guère, pour l’écri-