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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/185

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avait été mis au jour dans les intérêts d’un parti et de certains systèmes mystiques beaucoup plus qu’en vue de la gloire de l’auteur, se procura, au commencement de 1796, une copie complète des manuscrits de Pascal, y puisa divers passages que les solitaires de Port-Royal, dans leurs consciences de jansénistes, s’étaient crus obligés de sacrifier, les coordonna méthodiquement, et composa de l’ensemble un volume de 507 pages in-8º, dont tous les amis de l’auteur reçurent des exemplaires, mais qui ne fut pas mis en vente. Avouons-le franchement, cette nouvelle édition des Pensées pèche comme celle de d’Arnaud, quoiqu’en un esprit tout opposé, par des suppressions systématiques. Hâtons-nous d’ajouter qu’on y trouve un Éloge de Pascal, dans lequel le géomètre puissant, le physicien ingénieux, le penseur profond, l’écrivain éloquent, sont appréciés de plus haut et avec la plus noble impartialité. Condorcet joignit des commentaires critiques à plusieurs pensées de l’illustre auteur. Cette hardiesse, dont Voltaire lui avait déjà donné l’exemple, provoqua d’amers reproches : on la traita comme un sacrilège. Aujourd’hui, le public serait plus indulgent ; aujourd’hui, les admirations passionnées sont bien passées de mode, et, si je ne me trompe, il y aurait plutôt à redouter l’excès contraire ; aujourd’hui, on ne se demande plus, toutes réserves faites quant à la forme, si telle ou telle critique d’un auteur célèbre est irrévérence, mais si elle est juste. Examinées de ce point de vue, les remarques de Condorcet peuvent être approuvées presque sans restrictions. Lorsque l’auteur des Pensées, poussant la misanthropie