Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/207

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Fargeau désire qu’on ne porte plus d’autre nom que celui de sa famille, et signe incontinent sa motion : Michel-Louis le Pelletier. Enfin, Mathieu de Montmorency ne veut pas qu’on épargne une des marques les plus apparentes du système féodal, les armoiries ; il en réclame l’abolition immédiate.

Ces propositions sont présentées, discutées, adoptées presque en aussi peu de temps que j’en ai mis à les rappeler.

En tout ceci, le nom de notre confrère n’a pas été prononcé, par la raison très-simple que Condorcet n’était pas membre de l’Assemblée constituante. Dans l’opinion, d’ailleurs très-problématique, où ce fût une faute de rompre ainsi brusquement toute liaison entre le passé et le présent, ce ne serait pas à notre ancien secrétaire qu’il faudrait l’imputer. On a même su depuis peu, par les Mémoires de Lafayette, que, sur la question des armoiries, le savant philosophe n’adoptait pas le système de Montmorency. Il lui eût paru plus conforme aux vrais principes de la liberté de permettre à chacun, ancien noble, roturier, artisan, prolétaire, de prendre des armes à sa fantaisie que de procéder par voie de suppression.

La loi sur l’abolition des titres nobiliaires n’avait rien spécifié concernant les peines qui seraient attachées aux infractions. Une pareille loi, une loi dépourvue de sanction, n’est observée dans aucun pays et tombe bientôt en désuétude. Ce fut sans doute pour rappeler son existence que le jour anniversaire de la séance où l’Assemblée constituante la vota, que le 19 juin 1792, l’Assemblée législative fit brûler à Paris une immense quantité de brevets