Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/305

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20,000 francs de rentes viagères et 10,000 francs annuels pour frais de logement. Mesmer n’accepta pas cette offre. Il demanda, à titre de récompense nationale, un des plus beaux châteaux des environs de Paris et toutes ses dépendances territoriales.

Irrité de voir cette prétention repoussée, Mesmer quitta la France en la vouant avec colère au déluge de maux dont il eût été en son pouvoir de la préserver. Dans une lettre écrite à Marie-Antoinette, le thaumaturge déclarait avoir refusé les offres du gouvernement par austérité.

Par austérité ! ! ! faut-il donc croire, comme on le prétendit dans le temps, que Mesmer ignorait entièrement notre langue ; qu’à cet égard ses méditations s’étaient exclusivement concentrées sur le vers célèbre :

Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs ?

Au reste, l’austérité de Mesmer ne l’empêcha pas d’éprouver la plus violente colère, lorsqu’il apprit à Spa que Deslon continuait à Paris les traitements magnétiques. Il revint en toute hâte. Ses partisans l’accueillirent avec enthousiasme, et organisèrent une souscription à 100 louis par tête, qui produisit sans retard près de 400,000 francs. On trouve aujourd’hui avec quelque surprise parmi les noms des souscripteurs, ceux de :

MM. de Lafayette, de Ségur, d’Éprémesnil.

Mesmer quitta une seconde fois la France vers la fin de 1781, en quête d’un gouvernement appréciateur plus éclairé des esprits supérieurs. Il laissa derrière lui un grand nombre d’adeptes ardents et tenaces, dont les démarches