Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/304

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La peinture, la sculpture, la gravure reproduisaient à l’envi les traits du thaumaturge. Les poëtes faisaient des vers destinés à être inscrits sur les piédestaux des bustes ou au bas des portraits. Ceux de Palissot méritent d’être cités comme un des plus curieux exemples des licences poétiques :


Le voilà, ce mortel, dont le siècle s’honore,
Par qui sont replongés au séjour infernal
Tous les fléaux vengeurs que déchaîna Pandore ;
Dans son art bienfaisant il n’a pas de rival,
Et la Grèce l’eût pris pour le dieu d’Épidaure.


L’enthousiasme en vers ayant été ainsi jusqu’aux dernières limites, l’enthousiasme en prose n’avait qu’un moyen de se faire remarquer : la violence. N’est-ce pas ainsi qu’il faut caractériser ces paroles de Bergasse : « Les adversaires du magnétisme animal sont des hommes qu’il faudra bien vouer un jour à l’exécration de tous les siècles et au mépris vengeur de la postérité. »

Il est rare que de la violence en paroles on n’aille pas aux voies de fait. Ici, tout marcha suivant le cours naturel des choses. Nous savons, en effet, que des admirateurs furieux de Mesmer tentèrent d’étouffer Berthollet dans l’angle d’une des pièces du Palais-Royal, pour avoir dit naïvement que les scènes dont il avait été témoin ne lui semblaient pas démonstratives. Nous tenons cette anecdote de Berthollet lui-même.

Les prétentions du médecin allemand augmentaient avec le nombre de ses adhérents. Pour le décider à donner, à trois savants seulement, la permission d’assister à ses séances, M. de Maurepas lui offrit, au nom du roi,