Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/346

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« respirer un air nouveau, » et regarda « comme un phénomène d’être quelque chose dans l’ordre politique par sa seule qualité de citoyen. »

Les élections devaient se faire à deux degrés. Bailly fut nommé premier électeur de son district. Peu de jours après, dans la réunion générale, l’assemblée l’appela au bureau en qualité de secrétaire. Ainsi, c’est notre confrère qui, à l’origine, rédigea le célèbre procès-verbal des séances des électeurs de Paris, si souvent cité par les historiens de la Révolution.

Bailly prit aussi une part active à la rédaction des cahiers de son district et à celle des cahiers du corps des électeurs. Le rôle qu’il joua dans ces deux circonstances ne saurait être douteux, si l’on en juge par ces trois courtes citations tirées de ses Mémoires : « La nation doit se souvenir qu’elle est souveraine et maîtresse de tout ordonner… Ce n’est pas quand la raison s’éveille qu’il faut alléguer d’anciens privilèges et des préjugés absurdes… Je louerai les électeurs de Paris qui, les premiers, ont conçu l’idée de faire précéder la constitution française de la déclaration des droits de l’homme. »

Bailly avait toujours été d’une si extrême réserve dans sa conduite et dans ses écrits, qu’on ne pouvait pas soupçonner de quel point de vue il envisagerait l’agitation nationale de 89. Aussi, dès le début, vit-on l’abbé Maury, de l’Académie française, proposer à son confrère de s’unir à lui, et de vivre même à Versailles dans un appartement commun. Il est difficile de se défendre d’un sourire quand on rapproche la démarche de l’éloquent et