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COUP D’ŒIL SUR LES MÉMOIRES POSTHUMES DE BAILLY.


Les Mémoires de Bailly m’ont servi jusqu’ici de guide ou de contrôle ; au moment où cette ressource va me manquer, jetons un regard sur cette œuvre posthume.

Je n’ai dû envisager ces Mémoires que dans ce qui avait trait à la vie publique et privée de notre confrère. Les historiens pourront les étudier sous un point de vue plus général. Ils y trouveront des faits précieux, vus sans passion ; une ample matière à ces réflexions neuves et fécondes sur la manière dont les révolutions naissent, agrandissent et conduisent à des catastrophes. Bailly est moins positif, moins absolu, moins tranchant, que la plupart de ses contemporains, même à l’égard des événements dans lesquels les circonstances lui assignèrent le principal rôle ; aussi, lorsqu’il signale quelque basse intrigue en termes nets et catégoriques, inspire-t-il une entière confiance.

Quand l’occasion le comporte, Bailly loue avec effusion ; une noble action le comble de joie ; il la recueille et la raconte avec amour. Cette disposition d’esprit est assez rare pour mériter qu’on la remarque.

Le jour, déjà bien tardif, où l’on arrivera enfin à reconnaître que notre grande révolution a offert, même à l’intérieur, même aux époques les plus cruelles, autre chose que des scènes anarchiques et sanguinaires ; le jour où, semblable aux intrépides pêcheurs du golfe Persique et des côtes de Ceylan, un écrivain chaleureux et impartial consentira à plonger tête baissée dans l’océan de faits de toute