Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/381

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Paris. C’est, dit-il, par une faveur imméritée que sa statue a été placée sur la façade de l’Hôtel de Ville. Bailly, pendant sa magistrature, n’a créé, dans la capitale, aucune vaste place, il n’a pas percé de grandes rues, il n’a point élevé de monument splendide ; Bailly aurait donc mieux fait de rester astronome, érudit ou littérateur.

L’énumération de toutes les constructions que Bailly ne fit point est exacte. On aurait pu même ajouter que, loin de consacrer les fonds municipaux à bâtir, il fit démolir, jusque dans ses fondations, l’immense et menaçant château de la Bastille ; mais cela n’enlèverait pas à Bailly l’honneur d’avoir été un des magistrats les plus éclairés dont la ville de Paris puisse se glorifier.

Bailly n’a élargi aucune rue, n’a élevé aucun palais pendant les vingt-huit mois de son administration ! non, sans doute ! car, d’abord, il fallait donner du pain aux habitants de Paris ; or les revenus de la ville, ajoutés aux sommes quotidiennement fournies par Necker, suffisaient à peine à ces premiers besoins. Quelques années auparavant, les Parisiens avaient vu établir avec un déplaisir extrême des droits d’entrée sur les substances alimentaires. Les écrivains de l’époque ont conservé cet alexandrin burlesque qui, au moment de la construction du mur d’octroi, fut placardé dans tous les carrefours :

Le mur murant Paris rend Paris murmurant

La multitude, dès que l’occasion lui parut favorable, ne se contenta pas de murmurer ; elle se porta aux barrières et les brisa. L’administration les rétablit à grand’-