Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/415

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Dans la sanglante journée de juillet 1791, Bailly fut peut-être, de tous les habitants de Paris, celui qui connut les événements du matin et de la soirée avec le moins de détail et d’exactitude.

Bailly, avec son horreur profonde pour le mensonge, aurait imaginé faire la plus cruelle injure à des magistrats, s’il ne leur avait pas attribué le même sentiment. Sa loyauté ne le mettait pas assez en garde contre les machinations des partis. C’est évidemment par de faux rapports qu’on le décida à déployer le drapeau rouge le 17 juillet : « Ce fut, dit-il au tribunal révolutionnaire sur une question du président, ce fut d’après les nouvelles qui se succédaient, et qui toutes étaient plus alarmantes d’heure en heure, que le conseil prit l’arrêté de marcher avec la force armée au Champ-de-Mars. »

Dans toutes ses réponses, Bailly insista sur les ordres itératifs qui lui furent transmis par le président de l’Assemblée nationale ; sur les reproches qu’on lui avait adressés de ne pas surveiller avec assez de soin les agents des puissances étrangères : c’était contre ces prétendus agents et leurs créatures que le maire de Paris croyait marcher quand il se mit à la tête d’une colonne de gardes nationaux.

Bailly ne savait pas même la cause du rassemblement ; on ne l’avait pas informé que la foule désirait signer une pétition ; et que la veille, suivant le vœu de la loi, on faisait à ce sujet une déclaration devant l’autorité compétente. Ses réponses au tribunal révolutionnaire ne laissent sur ce point aucune espèce de doute !

Oh ! échevins, échevins ! quand vos prétentions vani-