Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/453

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Desargues pour son cours de perspective de l’École royale de peinture. L’autorité fut mal inspirée ; nous savons aujourd’hui que les méthodes interdites étaient très-exactes ; mais aussi pourquoi vouloir régler l’art, la science, par arrêt du parlement ? Des décisions ridicules ont toujours été la conséquence de ces tentatives d’usurpation sur la liberté de la pensée humaine.

Des hommes de mérite, Desargues en tête, réussirent enfin à rattacher aux règles de la géométrie élémentaire la plupart des méthodes, des tracés en usage dans la coupe des pierres et dans la charpente. Malheureusement, leurs démonstrations étaient longues, embarrassées ; elles devaient toujours rester hors de la portée des simples ouvriers.

À quoi tenaient ces complications ? Elles tenaient à ce qu’on était obligé de créer la science tout entière, à l’occasion de chaque problème. Adoptez cette même marche dans telle autre branche quelconque des mathématiques, et la plus inextricable confusion en sera aussi la conséquence inévitable.

Un analyste poursuivant la solution d’une question, et s’arrêtant chemin faisant suivant les circonstances, pour discourir sur la règle des signes, sur celle des exposants, etc. ; pour expliquer la numération, la multiplication, la division, l’extraction des racines, etc., offrirait l’image, assez fidèle, de ce qu’étaient jadis, dans leur genre, les stéréotomistes.

Monge débrouilla ce chaos. Il fit voir que les solutions graphiques de tous les problèmes de la géométrie à trois dimensions, se fondaient sur un très-petit nombre de