Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

attention aux trésors de science qui se déroulent devant eux.

Le répétiteur craint que les caractères tracés sur le tableau noir ne soient peu visibles pour ses auditeurs les plus éloignés ? Il croit devoir les consulter, ce qui semble bien naturel. Eh bien, à la suite du colloque ainsi établi avec des jeunes gens réunis en grand nombre, plusieurs d’entre eux eurent l’espièglerie, en argumentant toujours de la prétendue faiblesse de leur vue, d’amener par degrés le bienveillant professeur à des caractères d’une telle grosseur, que le plus vaste tableau, loin de suffire à des calculs compliqués, n’aurait pas contenu seulement cinq chiffres.

Tout entier enfin aux développements d’une théorie difficile, il lui arriva, dans le feu de la démonstration, de prendre le torchon saupoudré de craie pour son mouchoir. Le récit, grossi, amplifié, de cette méprise, assurément bien innocente, se transmit de promotion en promotion ; et quand Ampère paraissait pour la première fois devant une d’elles, ce n’était plus le savant analyste qu’elle cherchait de préférence : elle guettait plutôt le moment où il l’égaierait par la distraction, dès longtemps promise, et dont elle était très-peu disposée à le tenir quitte.

Vous connaissez maintenant, Messieurs, les écueils contre lesquels le savoir, le zèle de l’excellent professeur Ampère allèrent souvent se briser.