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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/492

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Je vois, dans une multitude d’écrits, des allusions très directes aux votes de Monge dans nos assemblées. Napoléon lui-même, à Sainte-Hélène, citait notre confrère comme ayant voté la mort de Louis XVI.

Voilà de bien singulières erreurs. Les unes doivent être qualifiées d’involontaires ; les autres ont été propagées par les méchants, que toute vie honnête importune, ou par des esprits légers, presque aussi dangereux que les méchants. Deux mots, et il n’en restera plus de trace.

Monge n’a jamais figuré dans aucune de nos assemblées politiques. Peu de temps avant la campagne d’Égypte, la ville de Marseille l’avait choisi pour la représenter au conseil des Cinq-Cents, mais le départ de l’expédition l’empêcha de siéger.

Monge était sans frein, sans mesure, contre quiconque n’adoptait pas ses idées politiques ! Les actes du ministre ont déjà répondu. — Voici un fait non moins décisif :

Monge se donna pour collègue à l’École polytechnique, en 1794, d’Obenheim, un de ses anciens élèves de Mézières, qui avait déserté en octobre 1793 l’armée républicaine et pris du service parmi les Vendéens.

À l’époque où les besoins de la défense nationale exigeaient que la population presque en masse se portât à la frontière ; à l’époque où l’on pouvait craindre que nos armées ne fussent pas assez nombreuses pour résister aux efforts des innombrables légions ennemies marchant à la curée de la France, Monge promit de donner ses deux filles en mariage aux deux premiers soldats qui seraient