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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/494

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ainsi dire, de la bouche de Monge : un père ne pouvait parler autrement à ses enfants.

Si l’excuse n’est pas acceptée, je me soumettrai, car je n’ai point entendu faire de Monge un personnage idéal, absolument sans défauts ; je m’engagerai même, pour peu qu’on en manifeste le désir, à demander à la commission chargée de présider à l’exécution de la statue qui doit être érigée à notre confrère, sur la principale place de Beaune, d’écrire sur un des bas-reliefs, à côté des mots sonores d’École polytechnique, de géométrie descriptive, d’analyse appliquée : Monge tutoyait ses élèves.

Pendant que Monge était ministre de la marine, plusieurs actes du gouvernement blessèrent à la fois les principes éternels de la justice, les sentiments sacrés d’humanité et les règles d’une saine politique ! Voilà le texte d’un des principaux reproches adressés à notre confrère. Qu’on me permette quelques lignes de commentaire.

Pendant que Monge remplissait les fonctions de ministre de la marine, sous la Convention, lui et ses collègues n’étaient guère que les serviteurs très-subordonnés de la terrible assemblée. Ceux qui, trompés par l’identité du titre, s’imagineraient que les ministres de 1793 possédaient quelque chose d’analogue à la puissance d’un Richelieu, d’un Mazarin, d’un Louvois, d’un Fleury, etc., ou même à l’influence des ministres des gouvernements constitutionnels ; ceux-là, dis-je, seraient très-peu préparés à apprécier les événements de notre révolution.