Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/52

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Blâmerait-on, au surplus, mon extrême défiance ? Il ne serait pas difficile de la justifier, en montrant seulement le superbe mépris que chaque école psychologique déverse sur l’école rivale, et cela par l’organe de ses plus éloquents propagateurs.

Voyez ce que je lis dans les leçons d’un des maîtres les plus renommés (Laromiguière) : « Qu’est-ce donc qu’une science qui n’a ni principes arrêtés ni méthode constante, qui change de nature et de forme au gré de tous ceux qui la professent ? Qu’est-ce qu’une science qui n’est plus aujourd’hui ce qu’elle était hier, qui tour à tour vante comme son oracle Platon, Aristote, Descartes, Locke, Leibnitz, et tant d’autres dont les doctrines et les méthodes semblent n’avoir rien de commun ? Pour tout dire, qu’est-ce qu’une science dont on a mis en question, non pas l’existence, mais la possibilité ? »

Ampère, lui-même, ne commandait-il pas d’avance toute ma réserve, quand il s’écriait : « Ceux-là ont dit une chose admirable de justesse et de vérité qui, voulant comparer les vrais métaphysiciens des écoles de Kant et de Schelling aux partisans de l’école écossaise, aux adeptes de Reid et de Dugald-Stewart, ont fait la proportion suivante : « Ces derniers sont aux premiers, ce que les bons cuisiniers sont aux chimistes. »

L’avenir et des juges plus compétents marqueront donc la place d’Ampère parmi les psychologismes. Toutefois, je puis dire dès ce moment, que la plus étonnante pénétration, que la rare faculté de saisir, au milieu de minutieux détails, d’immenses généralisations ; que le génie, enfin, paraît distinguer tout aussi bien les recherches métaphy-