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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/53

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siques de notre ami, que les brillants travaux de physique mathématique qui forment aujourd’hui la partie la plus solide, ou, si l’on veut, la plus reconnue, la plus incontestée de sa renommée scientifique. Autant que le sujet pouvait le comporter, Ampère se rapprochait de la voie expérimentale. Ce n’est certainement pas de sa bouche que sortirent jamais ces incroyables paroles attribuées à un psychologisme : « Je te méprise comme un fait ! »

Les faits, il en tenait le plus grand compte. C’est à les enserrer dans les théories qu’il appliquait surtout une merveilleuse fécondité. Quand, par extraordinaire, ses efforts restaient infructueux, les théories étaient immédiatement changées ou abandonnées. Dans mon auditoire, il est probablement des personnes à qui ces paroles rappelleront, et les premières idées de notre confrère sur l’instinct des animaux, et la manière dont il les modifia. Les circonstances de ce changement subit me semblent mériter d’être conservées.

Parmi les questions de métaphysique les plus débattues, on peut placer au premier rang celle de savoir si les animaux jouissent d’une certaine puissance de raisonnement, ou s’ils sont, au contraire, toujours et uniquement dirigés par un mobile qu’on a appelé l’instinct. La question sera peut-être mieux comprise en la posant en ces termes : Faut-il, avec Aristote, n’accorder aux bêtes que la sensibilité, que la mémoire ? Est-il vrai qu’elles soient privées de la faculté de comparer leurs actes, d’en tirer des conséquences ?

Ampère, sur ce point, s’étant montré péripatéticien