Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/553

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tes continuelles. Le palais de Hassan-Kachef ne fut dégagé qu’après deux jours et demi d’investissement. Monge trouva alors le plus noble dédommagement de sa belle conduite dans ces paroles solennelles des membres de l’Institut : : « Votre prudence, votre fermeté, votre présence d’esprit, nous ont sauvés. »

Le palais de l’Institut était en communication avec le beau jardin de Cassim-Bey. Les séances officielles du corps savant se tenaient au palais. C’est dans le jardin que les membres de toutes les classes et ceux de la commission scientifique se retrouvaient le soir. Ces réunions nocturnes n’avaient rien de solennel ; ne serait-ce point à raison de cette circonstance qu’elles offraient tant d’intérêt ? Sous un ciel d’azur, parsemé de milliers d’étoiles resplendissantes, Monge, donnant carrière à sa brillante imagination, excitait l’enthousiasme des savants, des littérateurs, des artistes, qui l’entouraient. Tantôt l’auditoire se sentait entraîné par la variété, la richesse et la grandeur des aperçus ; tantôt son attention se portait de préférence sur le talent d’exposition admirable qui le faisait pénétrer sans efforts dans les profondeurs de la science, réputées inaccessibles au vulgaire.

Ces conversations savantes se prolongeaient fort avant dans la nuit. Nos confrères se complaisaient à les assimiler aux entretiens en plein air des philosophes grecs et de leurs disciples dans le jardin d’Académus. On s’habitua même à ne trouver entre les deux situations, entre les deux époques, qu’une différence légère : les platanes du jardin d’Athènes étaient remplacés au Caire par des acacias.