Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/565

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si la mémoire de notre confrère avait été entièrement fidèle ; si moi-même, sur quelques détails, je ne me laissais pas abuser par mes souvenirs. Le plus heureux hasard m’a récemment appris que le vaillant officier vivait encore près de Rodez, dans le département de l’Aveyron. Un ami commun s’était chargé de lui écrire ; la réponse nous est parvenue ; elle porte en tête le mot rapport, tant, Messieurs, un désir exprimé, même indirectement, au nom de l’Académie, a fait d’impression sur le vieux soldat. Le rapport m’autorise à ne pas changer une seule syllabe dans ce que j’avais tracé d’après des souvenirs déjà fort anciens. Je crois cependant que, s’il m’eût été connu plus tôt, j’aurais substitué à quelques expressions animées de Monge ces paroles plus calmes de l’intrépide officier :

« Je vis le drapeau flotter sur les décombres de la tour ; je crus qu’il ne fallait pas l’abandonner ; je remontai pour le reprendre. »

J’ai pensé qu’une action à laquelle Monge attribua sa convalescence et la possibilité où il se trouva de suivre l’armée dans son mouvement de retraite pouvait être, dans cette biographie, l’objet d’un souvenir circonstancié. Je crois aussi m’acquitter d’un devoir en soulevant le voile derrière lequel voudrait rester caché le capitaine de la 85e demi-brigade, dont les rapports sont signés aujourd’hui : « L’officier qui, n’ayant plus d’épée, manie la charrue ! » Cet officier est le général Tarayre.

L’armée d’Égypte, depuis les généraux jusqu’aux simples fantassins, regrettait vivement, les jours de bataille exceptés, qu’on l’eût amenée faire la guerre dans le pays du sable. C’était l’expression des troupiers. Suivant l’opi-