Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/568

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ment notre confrère. — Merci, répond le soldat, merci. Vous venez de vous montrer charitable, et je ne voudrais pour rien au monde vous exposer aux douleurs atroces que j’endurais tout à l’heure. »

On peut être fier, ce me semble, d’appartenir à un pays où des hommes sans culture éprouvent de pareils sentiments et savent les exprimer avec tant de noblesse !



MONGE QUITTE L’ÉGYPTE AVEC LE GÉNÉRAL EN CHEF.


Pressé par le temps, je suis obligé de supprimer l’analyse de plusieurs travaux de l’Institut d’Égypte auxquels Monge participa, afin d’arriver plus promptement aux circonstances dramatiques qui signalèrent le départ du général en chef et de notre confrère pour la France.

L’armée turque, débarquée à Aboukir, venait d’être anéantie ; la solde était au courant. Vers cette même époque, de très-fâcheuses nouvelles de l’armée d’Italie arrivèrent au Caire. Le général Bonaparte se décida aussitôt à retourner en France et à emmener avec lui Monge et Berthollet. La moindre indiscrétion pouvait compromettre ce projet audacieux. Monge fit donc tous ses efforts pour garder scrupuleusement le secret d’État que le général lui avait confié. Y réussit-il ? Je n’ose pas prononcer ; j’aime mieux m’en remettre à votre propre décision.

Le général annonçait publiquement qu’il allait visiter le Delta, passer de là aux lacs Natron et ensuite au Fayoum, étudier enfin minutieusement la partie ouest du désert, comme il avait exploré la région orientale peu de temps après la conquête du Caire.