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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/580

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d’instruments d’astronomie, de physique, de météorologie. La négociation n’eut point de résultat. Elle avait lieu dans un moment où l’armée anglaise et l’armée prussienne s’avançaient à marches forcées sur la capitale. Or, le confrère de Monge s’imaginait, à tort ou à raison, que Napoléon avait commis une immense faute en venant à Paris s’occuper des questions oiseuses, intempestives de la Chambre des représentants, au lieu de rester à la tête des troupes pour les rallier, et faire, sous les murs de Paris, un dernier et solennel effort ; or, il déclara n’avoir pas, lui, assez de liberté pour s’occuper du cap Horn, des Cordillères, de températures, de pressions barométriques, de géographie physique, dans un moment où la France allait peut-être perdre son indépendance et disparaître de la carte de l’Europe.

Jamais l’amour de Monge pour Napoléon ne s’était montré plus à nu. Le refus catégorique d’accompagner l’Empereur en Amérique, de devenir collaborateur d’un si grand homme dans des recherches scientifiques variées frappa de stupeur l’illustre géomètre. Jamais il n’aurait placé d’avance une telle résolution dans le cercle des possibilités ; il la regarda comme l’effet d’une aberration momentanée dans l’intelligence de son jeune confrère, et alla demander de nouveau à partir. Dans l’intervalle, les événements avaient rapidement marché ; les pensées étaient tournées sur d’autres combinaisons. Le projet aurait d’ailleurs été s’ensevelir dans les flancs du vaisseau le Northumberland.