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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/597

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MONGE RAYÉ DE LA LISTE DES MEMBRES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. — SA MORT. — SES OBSÈQUES.


Pendant la première Restauration, le gouvernement voulut (c’était le terme sacramentel) épurer l’Institut. La première classe (l’Académie des sciences) perdait trois de ses membres : Monge, Carnot, Guyton de Morveau. L’ordonnance était rendue ; elle allait paraître ; mais le ministère apprit que l’Académie refuserait certainement de procéder au remplacement des trois membres exclus. On en était déjà arrivé à des menaces violentes contre l’académicien qui, par le privilége de la jeunesse, avait dû prendre l’initiative de la résistance aux aveugles rancunes du pouvoir, lorsque Napoléon débarqua à Cannes.

Après les Cent-Jours, le ministère revint à son système d’épuration ; mais il s’y prit d’une autre manière. L’Institut tout entier fut dissous et reconstitué par une ordonnance royale du 21 mars 1816, signée Vaublanc. D’après cette nouvelle organisation, Monge et Carnot cessaient d’appartenir à la section de mécanique, et étaient remplacés par deux académiciens nommés d’autorité. Ainsi, après trente-trois ans d’exercice, notre confrère se trouva brutalement exclu d’un corps où il brillait aux premiers rangs.

En dehors du cercle de sa famille, notre confrère avait concentré ses plus vives affections sur Napoléon, sur l’École polytechnique, sur l’Académie des sciences. Napoléon subissait à Sainte-Hélène la plus humiliante des tortures pour un homme de génie : il se trouvait placé sous la dépendance de la médiocrité tracassière,