Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/605

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résistant pas à cette épreuve, tomberont lourdement de la haute position que le public semble leur avoir assignée. Celle de Monge me paraît, au contraire, invariablement fixée : l’importance et la variété des découvertes de notre confrère, la grandeur et l’utilité de ses travaux, lui assureront à jamais l’admiration des savants et la reconnaissance des citoyens. Nous n’avons pas à craindre que la postérité infirme les appréciations des contemporains de Monge. Nos derniers neveux ne nous démentiront point ; comme nous, ils placeront l’auteur de la Géométrie descriptive sur le premier rang, parmi les plus beaux génies dont la France puisse se glorifier.

Les biographes qui se dépouilleront de toute idée préconçue avant de jeter un regard scrutateur sur la vie privée de Monge, reconnaîtront combien le négociateur de Campo-Formio l’avait justement caractérisée, lorsque, dans une lettre au Directoire, il appelait en quelque manière notre confrère l’honneur français personnifié. Ils trouveront en lui le plus parfait modèle de délicatesse ; l’ami constant et dévoué ; l’homme au cœur bon, compatissant, charitable ; le plus tendre des pères de famille. Ses actions leur paraîtront toujours profondément empreintes de l’amour de l’humanité ; ils le verront, pendant plus d’un demi-siècle, contribuer avec ardeur, je ne dis pas assez, avec une sorte de fougue, à la propagation des sciences dans toutes les classes de la société, et surtout parmi les classes pauvres, objet constant de sa sollicitude et de ses préoccupations.

Vous me pardonnerez, Messieurs, d’avoir ajouté ces nouveaux traits à ma première esquisse. N’encourageons