Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/665

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s’offre au contraire à ses yeux comme une preuve de la sagesse divine. Voici quelques passages empruntés textuellement à la lettre de Clarke :

« Dire qu’il ne se fait rien sans la providence et l’inspection de Dieu, ce n’est pas avilir son ouvrage, mais plutôt en faire connaître la grandeur et l’excellence. L’idée de ceux qui soutiennent que le monde est une grande machine qui se meut sans que Dieu y intervienne, comme une horloge continue de se mouvoir sans le secours de l’horloger, cette idée, dis-je, introduit le matérialisme et la fatalité, et elle tend effectivement à bannir du monde la providence et le gouvernement de Dieu.

« Si un roi avait un royaume où tout se passerait sans qu’il y intervînt, ce ne serait qu’un royaume de nom par rapport à lui, et il ne mériterait pas d’avoir le nom de roi ou de gouverneur. Et comme on pourrait supposer avec raison que ceux qui prétendent que dans un royaume les choses peuvent aller parfaitement bien sans que le roi s’en mêle, comme on pourrait, dis-je, soupçonner qu’ils ne seraient pas fâchés de se passer de roi, de même on peut dire que ceux qui soutiennent que l’univers n’a pas besoin que Dieu le dirige et le gouverne continuellement avancent une doctrine qui tend à le bannir du monde. »

Leibnitz ne se montra pas satisfait des conceptions théologiques de l’ami de Newton ; dans sa réplique nous remarquons ce passage :

« La comparaison d’un roi chez qui tout irait bien sans qu’il s’en mêlât, ne vient point à propos, puisque Dieu conserve toujours les choses et qu’elles ne sauraient sub-