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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/83

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juste de dire que les géomètres français firent défaut à notre illustre confrère, lorsque, bien près de la naissance de l’électro-dynamisme, nous trouvons M. Savary complétant un point très-important de cette théorie ; lorsque nous voyons M. Liouville s’attachant à en simplifier les bases, à les rendre plus rigoureuses ; lorsque dans la rédaction des parties les plus difficiles de son grand Mémoire, Ampère a M. Duhamel pour collaborateur empressé ?

Est-il vrai, d’ailleurs, que la formule d’Ampère ne présentât aucune circonstance dont les géomètres pussent justement s’étonner ? Ceux qui avaient fait le plus fréquent usage des théories newtoniennes, ne devaient-ils pas être inquiets en voyant des lignes trigonométriques relatives aux inclinaisons respectives des éléments infiniment petits des courants électriques, dans l’expression générale des actions mutuelles de ces éléments ? Quand de nouveaux phénomènes paraissent sortir si complétement des voies connues, quelque hésitation n’est-elle pas naturelle ? Cette hésitation n’eut rien d’extraordinaire, d’exceptionnel ou d’outré de la part des savants qui l’éprouvèrent. Peu d’années auparavant, les ondes lumineuses transversales de Fresnel avaient soulevé les mêmes doutes, les mêmes incertitudes, et de la part des mêmes personnes, quoiqu’elles semblassent une conséquence plus évidente encore, une traduction plus directe, plus immédiate, plus facile à vérifier, des faits d’interférence que présentent les rayons polarisés.

En thèse générale, ne nous plaignons pas du culte que vouent généralement les hommes aux idées sous l’action desquelles leur intelligence s’est développée. En pareille