Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/84

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matière, il est naturel, il est juste, il est moral de ne changer qu’à bon escient. Envisagées du point de vue scientifique, les critiques, les difficultés de toute nature dont on accable si souvent les novateurs, ont une utilité réelle : elles réveillent la paresse ; elles triomphent de l’indolence. Il n’est pas jusqu’à la jalousie qui, avec sa cruelle, sa hideuse perspicacité, ne devienne une cause de progrès. On peut s’en fier à elle de la découverte des lacunes, des taches, des imperfections que l’auteur, même le plus soigneux, laisse inévitablement échapper. Le contrôle qu’elle exerce, pour qui ne dédaigne pas d’en profiter, vaut cent fois celui du meilleur ami. On ne lui doit sans doute aucune reconnaissance, puisque son lot est de rendre service sans le vouloir ; mais ce serait, d’autre part, une faiblesse de s’apitoyer outre mesure sur les ennuis qu’elle suscite aux hommes de génie. Gloire et tranquillité d’esprit marchent rarement de compagnie ! Celui à qui il faut une grande place dans le monde matériel ou dans le monde des idées, doit s’attendre à y trouver pour adversaires les premiers occupants. Les petites choses et les petits esprits ont seuls le privilége de trouver, à point nommé, de petites cases dont personne ne songe à leur disputer la possession !

ampère prend part à la discussion célèbre qui s’établit entre georges cuvier et geoffroy saint-hilaire sur l’unité de composition de tous les êtres organisés.

La discussion reposait sur des considérations très-délicates. Si l’on voulait, par exemple, trouver la ressemblance entre la disposition des viscères chez un mollusque