Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/89

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montra des connaissances si étendues en anatomie et en histoire naturelle, il signala des ressemblances, des analogies tellement ingénieuses, là où les premiers pas semblaient devoir conduire à l’absurde, que, pour l’honneur de l’espèce humaine, nous nous surprîmes à regretter que le terme de comparaison offert à Ampère eût été pris si bas dans l’échelle animale.



ESSAI SUR LA CLASSIFICATION DES SCIENCES.


C’est par la lecture de l’Encyclopédie du xviiie siècle qu’Ampère entra dans la vie littéraire ; c’est par la rédaction du plan d’une encyclopédie nouvelle que sa vie littéraire se termina. La partie la plus essentielle du vaste plan de notre confrère était un projet de classification de toutes les connaissances humaines.

Molière mettait jadis en question, par la bouche d’un des personnages de ses immortelles comédies, s’il faut dire la figure ou la forme d’un chapeau ; c’était se demander si l’on doit mettre les chapeaux dans la classe des formes ou dans celle des figures.

L’abus des classifications ne saurait être signalé d’une manière à la fois plus profonde et plus comique. Remontez au temps de Molière, ou même seulement aux premières années du xviiie siècle, et vous verrez que le grand poëte ne s’attaquait pas à un vain fantôme ; et vous serez frappés des plus étranges associations d’idées, et vous trouverez les classificateurs obéissant à des analogies, à des rapprochements vraiment burlesques ; et, par exemple, dans la Société des arts, créée par un