Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/88

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« Eh bien, monsieur Ampère, vous aussi vous prétendez que, sous le point de vue anatomique, maître corbeau, sur un arbre perché, ne différait pas de l’animal cauteleux et rusé qui lui soutira son fromage ; vous aussi, vous croyez que


Le héron au long bec emmanché d’un long cou


n’est qu’une simple modification de la commère la carpe, dont il avait si sottement dédaigné de faire son dîner ; vous aussi, vous trouvez que le fabuliste commettait une hérésie en histoire naturelle quand il disait :


Mais le rat sortant de sa cage
Lui fit voir en moins d’un instant
Qu’un rat n’est pas un éléphant


— Oui, Monsieur, oui, répliqua Ampère, tout ce que vous venez d’enregistrer comme des impossibilités, je l’admets. Les détails en ce genre seraient superflus ! Après des études consciencieuses, je me suis attaché à un principe singulier en apparence, et que le temps, néanmoins, fera prévaloir ; au principe que l’homme est formé sur un plan qui se retrouve dans tous les animaux sans exception. — À merveille, monsieur Ampère ; votre système a un mérite incontestable et rare ; il est clair et catégorique. Je vous attends donc à l’escargot ! »

Ampère prit lui-même, pendant quelques secondes, sa bonne part de la gaieté que cette saillie provoqua parmi toutes les personnes présentes ; mais bientôt il entra sérieusement dans la question risible qu’on venait de lui présenter ; il la traita avec une grande profondeur ; il