Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/257

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une lettre à la grande duchesse Christine de toscane dans laquelle, prenant la question au point de vue théologique, il s’efforçait de prouver que la Bible avait jusque-là été mal interprétée. Cette prétention d’un savant non engagé dans les ordres religieux à expliquer les saintes Écritures, excita à Rome une grande rumeur, et fut considérée comme l’empiétement le plus dangereux sur les prérogatives de l’Église.

Pour essayer de dissiper l’orage, Galilée se rendit une seconde fois dans la ville éternelle ; mais il y trouva des préventions beaucoup plus vives qu’il ne l’avait supposé. Les moines, ses antagonistes, avaient circonvenu tous les cardinaux. Les démonstrations savantes et lucides de Galilée n’eurent enfin pour résultat que la publication d’un décret du saint-office par lequel les ouvrages de Copernic et de Foscarini, religieux carme, furent censurés et prohibés. Quant à lui, s’il échappa à une censure explicite, c’est qu’il n’avait rien publié jusque-là à l’appui du double mouvement de la Terre.

L’inquisition avait dans ses décrets établi une différence essentielle entre l’ouvrage de Copernic et celui de Foscarini ; ce dernier était totalement supprimé, l’ouvrage de Copernic devait être corrigé. Entre autres corrections, on devait effacer tous les passages dans lesquels la Terre est appelée Sidus (astre)[1].

  1. La dissertation de Foscarini est de 1615 ; elle a été reproduite dans l’édition des Œuvres de Galilée qui parut à Milan en 1811. Le moine carme napolitain cherche à concilier le sens littéral de divers passages de l’Écriture avec le système de Copernic, en faisant remarquer que la Bible, que la Genèse ne sont pas des ouvrages de science, et que pour être compris il fallait bien se conformer en