Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/29

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météorologiques de Deluc, et plusieurs d’entre elles l’avaient presque séduit, mais dans son passage des Alpes ses idées furent entièrement modifiées ; il sentit, par exemple, le besoin de recourir à l’action de courants ascendants atmosphériques pour expliquer un grand nombre de phénomènes curieux.

Rien n’éclaircit et n’étend plus les idées, quand il s’agit de phénomènes naturels, que les voyages à travers les montagnes, surtout quand on a le bonheur de jouir de la compagnie d’un observateur aussi éclairé, aussi ingénieux et aussi expérimenté que l’est M. de Humboldt.

Gay-Lussac et son illustre compagnon de voyage, après avoir visité Gênes, se rendirent à Rome ; ils y arrivèrent le 5 juillet 1805 et descendirent au palais Tommati alla Trinità di Monte, où demeurait Guillaume de Humboldt, chargé d’affaires de Prusse.

En compagnie de celui qui les a si éloquemment décrites, les grandes scènes de la nature offertes par les régions alpines ne pouvaient manquer d’avoir excité dans l’âme de Gay-Lussac un véritable enthousiasme. La vue des monuments immortels de l’architecture, de la peinture et de la sculpture dont Rome abonde, jointe aux entretiens savants des Rauch, des Thorwaldsen, etc., habitués du palais Tommati, développèrent chez le jeune voyageur le goût éclairé des beaux-arts, qui jusque-là était resté chez lui sans écho. Enfin il eut l’avantage d’admirer la fascination du talent, car madame de Staël tenait alors tous les salons de la ville éternelle sous le charme de ses conversations éloquentes et spirituelles.

Le séjour de Gay-Lussac à Rome ne fut pas sans fruit