Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/334

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les plus grande espérances. Cependant, par des raisons d’économie, il fut rappelé de l’école de Grantham et destiné à gérer les affaires agricoles de son petit domaine. Pour lui donner quelque expérience à ce sujet, on l’envoyait le samedi en compagnie d’un ancien serviteur au marché de Grantham, où il devait vendre les grains qui provenaient de la ferme et acheter tout ce qui était nécessaire aux besoins de sa famille. Mais il laissait tout le soin de débattre les prix à son compagnon, pendant que lui il se livrait à l’étude d’un certain nombre de vieux livres que possédait l’apothicaire, son ancien patron. Souvent le jeune Newton ne prenait pas même la peine de pousser jusqu’à la ville, et livré à ses réflexions au pied d’une haie ou à l’ombre de quelque grand arbre, il attendait que son messager revînt de Grantham.

Madame Smith ne tarda pas à s’apercevoir que de telles habitudes ne feraient pas prospérer la ferme ; ne voulant point contrarier plus longtemps la vocation de son fils, elle le renvoya à l’école de Grantham, d’où, après un séjour de quelques mois et par les conseils de son oncle maternel, il passa à Cambridge, au collége de la Trinité, le 5 juin 1660. Quand il s’agit d’un si grand homme, la précision des dates n’est pas un vain luxe.

L’attention de Newton fut d’abord dirigée vers les études mathématiques, et, chose singulière, par le désir qui le prit de s’assurer de la vérité ou de l’inexactitude des règles de l’astrologie judiciaire,

Il se rendit maître en peu de temps de la géométrie de Descartes, c’est-à-dire plus exactement de l’application