Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’algèbre à la géométrie telle que ce grand homme l’avait créée. Pemberton, qui fut beaucoup plus tard l’ami, le confident et l’éditeur de Newton, racontait que l’auteur des Principes de la Philosophie naturelle regrettait d’avoir donné dans sa jeunesse trop peu d’attention à la géométrie d’Euclide. J’avoue que je ne saurais comprendre le fondement de ce regret si, comme on l’a prétendu, les propositions d’Euclide lui avaient paru si évidentes qu’il ne sentit jamais le besoin d’en lire les démonstrations.

Dans l’année 1665, Newton concourut avec Uvedale pour une place d’agrégé de l’Université, de fellowship, Uvedale fut nommé. Cet individu n’a été arraché à l’oubli qu’à raison de la préférence qu’il obtint sur son compétiteur. Sir David Brewster a tiré du jugement singulier porté en cette circonstance par le professeur Barrow lui-même, la juste conséquence que Newton n’avait encore fait à la date du concours (1665) aucune des brillantes découvertes qui illustrèrent son nom. Nous pourrions aussi, en nous autorisant du triomphe de Uvedale, contester la vérité du rapprochement ingénieux fait par Fontenelle entre la carrière de Newton et le cours du grand fleuve qui arrose l’Egypte, « qu’il ne fut pas donné à l’homme de voir le Nil faible et naissant. »

Après avoir obtenu divers grades universitaires dans les années 1666, 1667 et 1668, Newton fut nommé professeur de mathématiques à la place du docteur Barrow, lorsque celui-ci résolut, en 1669, de se consacrer exclusivement à la théologie.

C’est de l’époque où nous sommes maintenant arrivés