Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/337

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sein de rendre la prééminence à l’église catholique, avait ordonné à l’université de Cambridge de conférer à un moine bénédictin, le père Francis, le grade de maître ès arts sans l’astreindre au serment d’allégeance et de suprématie. L’université fit des représentations ; le roi revint à la charge en accompagnant sa demande de force menaces. L’université persista dans son refus. Newton s’étant montré très-ferme parmi les dissidents, fut chargé par ses collègues d’aller défendre les priviléges universitaires devant la haute cour de justice. Le roi eut alors la prudence de laisser amortir l’affaire. Pour témoigner leur reconnaissance envers leur collègue, dont la réputation scientifique s’était déjà étendue sur toute l’Europe, les professeurs de Cambridge nommèrent Newton, mais, il faut le dire, à une faible majorité, pour les représenter au parlement, en 1688.

Pendant les années 1688 et 1689, il accomplit avec un grand zèle ses nouvelles fonctions. On s’est assuré, en compulsant les registres de présence de Cambridge que de 1690 à 1695, Newton, sans doute dégoûté des intrigues des partis, se montra beaucoup moins assidu au parlement. Au reste, sa carrière parlementaire fut sans éclat. Pendant toute sa durée, il ne prit, dit-on, la parole qu’une seule fois, et ce fut pour inviter l’huissier de la chambre des communes à fermer une fenêtre d’où partait un courant d’air qui aurait pu enrhumer un orateur placé non loin de là.

Vers cette époque arriva un événement qui, s’il faut en croire certains historiens, eut une influence notable sur la carrière intellectuelle de l’immortel géomètre, En