Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/339

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pareille lettre est de celles dont on peut avoir oublié le contenu dans un état normal :

« Monsieur,

Ayant cru que vous vouliez m’embrouiller avec des femmes (embroil me with women) et par d’autres moyens, j’en fus tellement affecté que, lorsqu’on vint me dire que vous étiez malade et en grand danger, je répondis qu’il était désirable que vous mourussiez. Je souhaite que vous puissiez oublier ce vœu peu charitable, car je suis convaincu que ce que vous aviez fait était convenable ; je vous demande pardon pour avoir eu à ce sujet de si dures pensées et pour vous avoir présenté comme déviant des voies de la morale dans votre ouvrage sur les idées et dans celui que vous vous proposez de publier. Je vous avais pris pour un hobbiste.

Je vous demande aussi pardon pour avoir dit ou pensé qu’il était question de me vendre un office ou de m’embrouiller (embroil me).

Je suis votre très-humble et infortuné serviteur,

Isaac NEWTON.
16 septembre 1608. »

L’homme dont nous écrivons la biographie était l’orgueil de l’Angleterre, et cependant, arrivé à l’âge de cinquante-trois ans, il n’avait reçu aucune marque de reconnaissance de sa nation et vivait confiné dans les murs du collège où sa carrière scientifique avait commencé. N’étant pas engagé dans les ordres, il n’avait pu recevoir aucun bénéfice ecclésiastique et se trouvait réduit