Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/412

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le lumière réfléchie par les corps planétaires est trop faible pour supporter nettement les mêmes amplifications que la lumière propre des fixes.

Les opticiens avaient renoncé, plutôt théoriquement qu’à la suite d’expériences précises, à engendrer de très-forts grossissements, même avec des télescopes réflexion. Ils croyaient que l’image d’un petit cercle ne peut être nette, ne peut être tranchée sur ses bords, à moins que le pinceau de rayons à peu près parallèles provenant de cet objet, et qui, après avoir traversé l’oculaire d’un instrument d’optique pénètre dans l’œil, n’ait une largeur suffisante. Ceci une fois admis, on fut conduit à supposer qu’une image cesse d’être bien définie quand elle n’ébranle pas sur la rétine, deux au moins des filaments nerveux dont cet organe est censé recouvert. Ces suppositions gratuites, entées ainsi les unes sur les autres, s’évanouirent devant les observations d’Herschel. Après s’être mis en garde contre les effets de la diffraction, c’est-à-dire contre l’éparpillement que la lumière éprouve quand elle passe près des arêtes terminales des corps, l’illustre astronome prouva, en 1786, qu’on peut voir nettement un objet, à l’aide de faisceaux dont le diamètre n’égale pas cinq dixièmes de millimètre.

Herschel regardait comme un préjugé scientifique très-nuisible cette opinion, presque unanimement admise, que l’oculaire composé de deux lentilles est préférable à l’oculaire où figure une lentille seule. L’expérience, malgré toutes les déductions théoriques, lui prouva qu’à égalité de grossissement, les images, celles du moins des télescopes (car la restriction n’est peut-être pas sans impor-