Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/53

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duire dans le mélange de deux gaz, il y fit passer jusqu’à cinquante-trois mille étincelles.

On lit avec un vif regret, dans le Mémoire de notre confrère, la phrase que je vais transcrire : « Je m’étais flatté, en me livrant à ces recherches, de jeter quelque jour sur toutes les combinaisons de l’acide hydrocyanique ; mais les devoirs que j’ai à remplir m’ont forcé de les interrompre avant qu’elles eussent atteint le degré de perfection que je croyais pouvoir leur donner. » Quels étaient ces devoirs qui empêchèrent, en 1815, Gay-Lussac d’achever cette œuvre de génie ? C’était, je le dis à regret, l’obligation de pourvoir à ses besoins et à ceux de sa famille, par des leçons publiques presque journalières, qui absorbaient un temps que notre ami eût désiré consacrer plus utilement à l’avancement de la science.

Le cyanogène, ce corps, l’un des principes constituants du bleu de Prusse, fournit, en se combinant avec l’hydrogène, un poison tellement subtil qu’un célèbre physiologiste qui le premier s’en servit dans des expériences sur des animaux vivants, s’écria, en voyant ses effets : « Désormais on peut croire tout ce que l’antiquité a dit de Locuste. » Le même savant académicien a constaté par ses expériences qu’on ne voit chez les animaux empoisonnés aucune lésion dans les organes essentiels de la vie. Cette action du liquide obtenu pour la première fois par Gay-Lussac, paraîtra d’autant plus mystérieuse, qu’elle est produite par un corps composé d’azote, l’un des principes constituants de l’air atmosphérique, d’hydrogène, l’un des principes constituants de l’eau, et de charbon, dont l’innocuité est proverbiale. Une réflexion encore, et