Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/541

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Ces questions me paraissaient difficiles à résoudre. Je me suis enfin rappelé qu’après avoir posé une longue suite de comment sans solution, le bon Plutarque, mettant à l’écart une imposante autorité, s’avisa de rechercher si l’assertion qui soulevait tant de doutes dans son esprit était vraie ou fausse : l’assertion se trouva fausse. Eh bien, je suis arrivé à une solution toute semblable : Fourier ne fut pas soumis à bien des sollicitations avant de se décider à présenter le Mémoire d’Abel à l’Académie. Il ne fut pas sollicité du tout : en voici la preuve mathématique.

Le 24 octobre 1826, Abel écrivait de Paris à M. Holmboe : « Je viens de finir un grand Traité sur certaine classe de fonctions transcendantes pour le présenter à l’Institut, ce qui aura lieu lundi. »

J’ouvre le procès-verbal de la séance de l’Académie du lundi 80 octobre. On remarquera que l’Académie des sciences s’assemble seulement le lundi. Or, dans ce procès-verbal de la séance qui suivit le 24 octobre, je trouve :

« On lit un Mémoire de M. Abel, Norvégien, sur une propriété générale d’une classe très-étendue de fonctions transcendantes. »

Ainsi, le Mémoire qui venait d’être fini le 24 octobre, non-seulement fut présenté à l’Académie six jours après, mais le secrétaire perpétuel, Fourier, en lut en séance tout ce qui, dans un travail hérissé de formules, était de nature à être lu publiquement. Rien n’indique que le Mémoire ait été l’objet d’une présentation spéciale du secrétaire. Si une telle présentation avait eu lieu, Fourier