Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/545

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mines de fer de Froland, en Norvége, où il était allé pour visiter ses parents. »

Tel est, en substance, le récit lamentable que l’auteur de l’article de la Biographie universelle nous donne des dernières années de la vie d’Abel et de sa mort. Le malheureux jeune homme rappelle à son biographe le Camoëns et Galilée, la faim et la torture, pas moins que cela !

Cette peinture, ces souvenirs étaient assurément très-propres à jeter de l’odieux sur les « hommes égoïstes qui, par leur indifférence, ont contribué à abréger les jours d’Abel, » Les hommes que le biographe indiquait, Poisson, entre autres, se montrèrent très-irrités de ces incroyables imputations ; mais au lieu de mettre le public dans la confidence d’un si juste mécontentement, ils n’exhalèrent leurs plaintes qu’à demi-voix. Qu’importe, au reste, puisque l’heure de la réparation a sonné ? En peu de lignes, je renverserai de fond en comble le lugubre échafaudage que le lecteur vient d’envisager.

Le voyage d’Abel en Prusse, en Autriche, en Italie, en France, en Danemark, avait été exécuté aux frais du gouvernement norvégien. Ne suffirait-il pas de cette circonstance pour mettre au néant les vaines accusations de délaissement qu’on a fait retentir à nos oreilles ?

Abel, de retour dans son pays, désirait obtenir une chaire de mathématiques à l’Université de Christiania. Il en existait déjà deux, et elles étaient occupées. Le jeune géomètre demandait donc la création d’une troisième chaire. Le gouvernement ne crut pas devoir condescendre à ce vœu. Celui qui se rappelle le sans-façon que nos ministres ont mis, depuis quelques années, à créer