Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/546

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des places pour leurs amis et pour leurs créatures, se montre d’abord enclin à blâmer sévèrement les autorités norvégiennes : mais cette première disposition change complétement, dès qu’il songe au peu de fruit que ces créations ont généralement donné.

« Abel ne pouvait parvenir, à force de découvertes, à vaincre l’indifférence… ; c’est dans cet état d’abandon qu’il écrivit ses beaux Mémoires, » dit le biographe.

Je rappellerai quelques dates qui, d’elles-mêmes, montreront que le biographe a eu le malheur de ne jamais rencontrer la vérité :

Le 18 mai 1828, un an tout juste après le retour d’Abel à Christiania. M. Crelle, de Berlin, lui écrivait :

On commence à apprécier vos ouvrages de plus en plus. M. Fuss m’écrit de Saint-Pétersbourg qu’il en a été ravi. Voici ce que m’écrit M. Gauss, de Gœttingue :… M. Abel m’a prévenu…. Il vient d’enfiler précisément la même route dont je suis sorti en 1798. Ainsi, je ne m’étonne nullement de ce que, pour la majeure partie il en soit venu aux mêmes résultats. Comme d’ailleurs dans sa déduction il a mis tant de sagacité, de pénétration et d’élégance, je me crois par cela même dispensé de la rédaction de mes propres recherches. »

Le 10 septembre 1828, M. Crelle transmettait à Abel une lettre où Legendre s’exprimait en ces termes : « Ce que vous me dites du jeune Abel est absolument conforme à l’idée que je m’étais formée de ses grands talents, en parcourant le cahier de votre Journal où est inséré son charmant Traité sur les fonctions elliptiques. Ces productions de deux jeunes savants (MM. Jacobi et Abel)