Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/584

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n’influait point sur la simplicité, je dirai plus, sur la naïveté des manières habituelles de Cuvier. Si des personnes qui ne le rencontraient guère que dans nos réunions académiques, ont cru pouvoir lui adresser lé reproche, bien léger sans doute, de se dépouiller rarement d’une certaine nuance de raideur et de préoccupation, ceux qui le connurent dans l’intimité seraient coupables de ne pas dire ici à quel point il avait un caractère facile et conciliant. Son salon, voisin de ces immenses cabinets d’anatomie comparée que les naturalistes regardent comme l’une de ses plus importantes créations, était le rendez-vous des illustrations de notre France et des savants étrangers que le goût des voyages ou les tempêtes politiques amenaient sur notre sol hospitalier. Là, une égale bienveillance était acquise à tous. Pour moi, Messieurs, depuis que les suffrages de mes confrères, en m’imposant des devoirs difficiles, me rapprochèrent de Cuvier, j’eus chaque jour l’occasion d’admirer davantage le charme de sa conversation, l’immense variété de ses connaissances, la prodigieuse activité de son esprit.

Cette activité ne l’a pas abandonné même dans ses derniers moments. Les circonstances qui ont accompagné ja fin d’une si brillante vie, doivent être recueillies avec un soin religieux. Disons-les autant pour honorer le grand homme que pour montrer à tous la puissance de la vraie philosophie.

Lorsqu’il ressentit les premières atteintes de la maladie à laquelle il a succombé, Cuvier ne put pas vaincre un sentiment pénible ; mais ce besoin qu’il éprouvait de ressaisir une vie prête à lui échapper, était l’effet de son