Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/590

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son intimité pourront dire s’ils ont connu un meilleur mari, un père plus tendre, un ami plus sûr, un citoyen plus vivement, plus étroitement identifié avec les grands intérêts du pays et de l’humanité.

Jamais un sentiment de jalousie n’effleura la belle âme de Dulong. Les sciences étaient pour notre ami une véritable passion ; mais une passion noble, pure, dégagée de toute considération d’amour-propre, de toute vue intéressée ou personnelle. Aussi la jeunesse lui montrait-elle une confiance sans bornes : aussi recourait-elle à ses conseils avec un entier abandon, Dulong respecta toujours, jusqu’au scrupule, les droits des premiers occupants. Combien ne déplorait-il pas que le champ si fécond, si vaste de l’observation, devint souvent le théâtre de débats irritants, sans même que la science en tirât quelque léger avantage !

Dulong naquit à Rouen au commencement de 1785. Son nom ira donc se placer parmi tant de noms célèbres dont s’enorgueillit, à si juste titre, l’ancienne province de Normandie ; la reconnaissance nationale l’inscrira à côté des noms de Corneille, de Poussin, de Fontenelle, de Laplace, de Fresnel, Dulong devint orphelin à l’âge de quatre ans. C’est sans aucun secours étranger que se développèrent en lui les germes de tant de belles qualités que la nature avait déposées dans son âme et dans son intelligence. C’est presque par ses seuls efforts qu’il conquit, à seize ans, le titre d’élève de l’École polytechnique. Une grave indisposition l’obligea de quitter, avant la fin de la seconde année, cette école où il devait reparaitre avec tant d’éclat, comma examinateur de