Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/591

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sortie, comme professeur et comme directeur des études. L’art de guérir absorbe plus tard tous ses moments : il commença même à exercer la médecine dans un des quartiers les-plus pauvres du douzième arrondissement. La clientèle s’augmentait à vue d’œil, mais la fortune diminuait avec la même rapidité, car Dulong ne vit jamais un malheureux sans le secourir ; car il s’était cru obligé d’avoir un compte ouvert chez le pharmacien, au profit des malades qui, sans cela, n’auraient pas pu faire usage de ses prescriptions. Les sciences parurent une carrière moins ruineuse, et Dulong quitta la médecine pour les cultiver. Il n’avait pas songé que là aussi surgiraient de continuelles occasions de dépense. Nous savions tous combien notre confrère était désintéressé ; combien d’appareils et de machines délicates il faisait construire. Nous n’ignorions pas que dans la recherche d’une vérité utile, il se laissait tout aussi peu arrêter par des difficultés d’argent, que par les dangers d’explosion, et cela après même qu’il eut perdu un œil et deux doigts de la main droite au service de la science ; mais nous étions loin de soupçonner toute l’étendue des ravages que tant d’admirables expériences avaient faits dans le patrimoine de Dulong ; nous ignorions que notre ami ne laisserait guère, pour toute fortune, à sa femme si prévenante, si dévouée, à ses enfants si bons, si respectueux, que le souvenir de ses glorieux travaux.

C’est hier, seulement, que nos yeux se dessillèrent. Mais, hâtons-nous de le dire, car c’est un devoir pour nous et ce sera une satisfaction pour tout le monde : aussitôt que le ministre de l’instruction publique connut