Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/61

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GAY-LUSSAC CONSIDÉRÉ COMME PROFESSEUR. — SON LABORATOIRE. — SES BLESSURES. — SIMPLICITÉ DE SES MŒURS.


Je vais donc, sans autre explication, prendre la liberté de vous introduire dans ces amphithéâtres où notre confrère charmait par sa parole un nombreux et brillant auditoire. Nous pénétrerons ensuite dans son laboratoire ; je recueillerai même diverses anecdotes (on voit que je n’hésite pas à prononcer le mot), qui feront apprécier, sous un nouveau point de vue, toute l’étendue de la perte que l’Académie a faite.

Dans la dispute à laquelle les érudits s’abandonnèrent, afin de décider si un Traité sur le monde était ou n’était pas d’Aristote, Daniel Heinsius se prononça pour la négative. Voici son principal argument : « Le Traité en question n’offre nulle part cette majestueuse obscurité qui, dans les ouvrages d’Aristote, repousse les ignorants. »

Gay-Lussac n’eût certainement pas obtenu les éloges du philologue hollandais, car il marchait toujours à son but par les voies les plus directes, les plus nettes, les plus exemptes d’emphase.

Gay-Lussac témoignait à toute occasion sa profonde répugnance pour ces phrases ambitieuses auxquelles son premier professeur titulaire, malgré sa juste célébrité, se laissa si souvent entraîner, et où l’on voyait les mots les plus pompeux marcher côte à côte avec les expressions techniques d’ammoniaque, d’azote, de carbone.

Son langage et son style étaient sobres, corrects, nerveux, toujours parfaitement adaptés au sujet et