Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/611

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précision. Ce silence est significatif. Quelques personnes s’en émeuvent. Elles cherchent Gambey, découvrent sa très-modeste demeure dans la rue du Faubourg-SaintDenis, et le somment, au nom de la gloire nationale, d’entrer en lice. Encouragé par tout ce qui l’entoure, Gambey met la main à l’œuvre, et, deux mois après, dans les galeries du Louvre, un membre de la Société royale de Londres des plus compétents, M. Kater, déclarait que de l’autre côté du détroit, dans le pays de la mécanique, comme on disait à cette époque, personne n’aurait pu, sous le double rapport de l’élégance et de la précision, faire mieux que le jeune artiste, jusqu’alors ignoré, de la rue du Faubourg-Saint-Denis.

Peu de temps après, un théodolite portatif, sorti de la même main, l’aîné de cette nombreuse famille d’instruments qui a porté la réputation de Gambey dans toutes les régions du monde, permit à des membres du Bureau. des Longitudes de lutter, sans désavantage, sur les côtes de France et d’Angleterre, avec des observateurs très-habiles disposant d’un instrument colossal, chef-d’œuvre du célèbre Ramsden.

Les théodolites de Gambey, si justement, si promptement appréciés, prouvèrent aux plus incrédules que les astronomes français n’auraient plus besoin de traverser le Rhin ou la Manche pour se pourvoir d’appareils de précision ; ils firent plus : ces instruments révélèrent au pays un inventeur de premier ordre. Tandis que les prédécesseurs de notre confrère ne réussissaient à tracer des graduations mathématiquement équidistantes qu’en recourant à des moyens de centrage d’une complication.