Aller au contenu

Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/628

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vérité, de désir de s’illustrer par de bons ouvrages ou des découvertes, que sous l’aiguillon de la misère et de la faim. Cette supposition n’est pas moderne. « Un bon poëte, disait Charles IX, en parlant de son auteur de prédilection (Ronsard), ne se doit non plus engraisser qu’un bon cheval : il suffit de l’entretenir. »

La pensée contenue dans les paroles du fils de Catherine de Médicis et l’assimilation ne sont pas seulement grossières, dégradantes, elles outragent encore la vérité.

Boyle, un des expérimentateurs les plus assidus, les plus infatigables des temps modernes, avait de grandes richesses. Leibnitz, devenu millionnaire, ne fut ni moins ardent, ni moins encyclopédique dans ses projets et ses études que dans sa jeunesse. Quelqu’un prétendrait-il par hasard que Voltaire, devenu seigneur de Ferney, ne sentait plus le besoin de fatiguer la renommée aux cent bouches ?

L’auteur de l’Histoire des animaux, si admirablement, mais si laborieusement écrite, était le comte de Buffon, propriétaire de forges, de bois, etc.

Les deux grands chimistes de la France et de l’Angleterre, Lavoisier et Cavendish, figuraient en même temps parmi les plus opulents personnages des deux royaumes.

Le chancelier du sénat, jouissant de plus de cent mille livres de rente, cherchait-il avec moins de passion que le simple académicien Laplace, à rattacher toutes les inégalités, toutes les perturbations des mouvements des astres au principe de l’attraction universelle ; à étendre le pouvoir de l’analyse aux phénomènes de la physique terrestre ; à enchaîner par des formules jusqu’à