Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 4.djvu/102

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« Dans la visite du navire, dit M. Rihouet, qui suivit l’accident, je me fis accompagner d’un officier et du maître canonnier. Arrivé à la grande soute à poudre de derrière, je la trouvai intacte ; mais lorsque je fis ouvrir la soute à pain qui y était attenante, il en sortit aussitôt une fumée noire et épaisse et une odeur sulfureuse qui faillirent nous suffoquer tous, quoique le maître canonnier n’eût fait qu’entr’ouvrir la porte et la refermer aussitôt. Étant entrés immédiatement dans la soute à pain, nous n’y trouvâmes, à notre grand étonnement, aucune trace de feu, mais seulement un bouleversement complet : plus de vingt milliers de biscuits avaient été remués de fond en comble, sans qu’on parvînt à découvrir aucun indice du chemin qu’avait dû suivre la matière fulminante pour parvenir dans cet endroit. »

CHAPITRE XVII.
des modifications chimiques que la foudre fait subir à l’air atmosphérique.

Après la grande et célèbre expérience dans laquelle Cavendish parvint, à l’aide d’une étincelle électrique, à réunir en acide nitrique liquide, les deux éléments gazeux dont se compose l’air que nous respirons, il n’était guère permis de douter que la foudre ne sillonne pas impunément de ses traits enflammés d’immenses étendues d’atmosphère. Peu d’années, cependant, se sont écoulées depuis l’époque où un chimiste allemand, M. Liebig, a soumis cette idée si naturelle à des épreuves décisives.

En 1827, le professeur de Giessen publia l’analyse de