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MACHINES À VAPEUR

part que diverses nations peuvent s’attribuer dans cette invention admirable. Toutefois, on n’apprendra pas sans surprise que, dans la seule Angleterre, les libraires ont vendu, en un très-petit nombre d’années, plus de cent mille exemplaires des nombreux ouvrages où cette question historique est débattue. Un aussi éclatant succès est dû principalement, je n’en doute point, au vif intérêt que la machine à vapeur devait naturellement exciter dans un pays où on la retrouve à chaque pas ; mais peut-être sera-t-il permis de supposer que l’amour-propre national y est entré aussi pour quelque chose. Consultez, en effet, le membre de la Chambre des lords et un simple artisan ; le négociant de la cité que ses brillantes spéculations ont conduit dans toutes les régions du monde, et le fermier qui n’a jamais dépassé les limites de son comté ; parcourez les immenses manufactures de Birmingham, de Manchester, de Glasgow et le plus humble atelier d’un collage : partout on vous dira que le marquis de Worcester est le premier inventeur de la machine à vapeur ; partout on citera à la suite de ce nom les noms, tous anglais, de Savery, de Newcomen, de Beighton, de Watt, d’Hornblower, de Woolf, etc. En général les gens de lettres et ceux qui font de la culture des sciences leur occupation spéciale, n’ont pas à ce sujet des opinions moins arrêtées. Si vous ouvrez l’Encyclopédie récente du docteur Rees, vous y trouverez ces lignes : « La machine à vapeur vient immédiatement après le vaisseau, dans l’échelle des inventions ; mais dans une Encyclopédie anglaise elle doit occuper le premier rang, à cause qu’elle a été entièrement (wholly) inventée et mise en pratique par nos com-