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CONSTRUCTION DES MACHINES

nistration n’avait aucune bienveillance pour M. Frimot. Je vais en citer un plus monstrueux encore. Vous savez qu*à la Révolution de juillet, toutes les branches de l’industrie et du commerce en général eurent beaucoup à souffrir. M. Frimot avait fait faire un bateau à remorquer ; ce bateau était à Brest, il n’y avait aucune possibilité de l’employer à une nouvelle entreprise de remorquage sur la Seine. M. Frimot l’offre à la marine l’amiral Roussin, qui sent combien il est utile au port de Brest d’avoir un remorqueur, fait l’acquisition de ce bateau au prix de 100,000 francs. Ce bateau est-il utile ? il n’a pas servi beaucoup mais il suffit d’une circonstance pour montrer qu’il pouvait rendre des services importants. Effective. ment, il y avait, hors de la rade une frégate, qui faisait de vains efforts pour y pénétrer ; le remorqueur alla à sa rencontre et la fit rentrer dans le port avec une vitesse de quatre milles à l’heure.

L’appareil de ce bateau paraissait si bon, si bien construit, que l’amiral Roussin, quand il partit de Brest pour aller dans le Tage, eut la hardiesse do sortir de la rade avec des vents contraires, se confiant à la puissance de ce bateau remorqueur. Il sortit, mais à sept ou huit lieues de la rade de Brest, le vaisseau le Suffren aborda le remorqueur, et fit quelques avaries dans le bâtiment et dans la machine ces avaries furent évaluées à 10,000 francs par messieurs les ingénieurs de la marine de Brest. M. Frimot offrit de réparer son appareil ; on ne le voulut pas. Ne vous imaginez pas qu’on l’ait installé à bord d’un autre bâtiment, ou qu’on l’ait soigneusement conservé dans un magasin ; non, on l’a laissé en plein air, de sorte que