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CONSTRUCTION DES MACHINES

je regarderais comme un malheur nous avons à lutter avec l’Angleterre. Nos voisins ont aujourd’hui 800 bateaux à vapeur ; tous, je le reconnais, ne porteraient pas une puissante artillerie mais tous pourraient pénétrer dans nos rades, dans nos ports, dans les anses les plus cachées, et enlever jusqu’à la dernière de nos barques de pécheurs, si nous n’avions moyen d’opposer bateau à bateau, machine à machine.

Que diriez-vous, Messieurs, d’un gouvernement qui confierait aux étrangers la fabrication de la poudre, des canons et des fusils ? Vous diriez qu’il manque d’intelligence ; peut-être même lui adresseriez-vous un reproche plus sévère : eh bien, je le répéterai à satiété, les machines à vapeur joueront dans une guerre maritime un rôle aussi essentiel que les fusils, les canons et la poudre. Ce que je demande, c’est qu’en temps de paix vous formiez, vous encouragiez les ouvriers, les contre-maîtres qui fabriqueront nos machines lorsque les Anglais ne nous en fourniront plus c’est qu’en temps do paix vous songiez que des mécaniciens sont nécessaires à bord des navires, et qu’ils y jouent un rôle capital.

C’est une chose heureuse Messieurs, pour notre pays, que cette transformation que la marine doit subir, qu’elle subira d’ici à peu de temps, et dont M. Paixhans vous entretenait récemment avec tant d’autorité ; c’est une chose avantageuse, car, dans nos conflits maritimes avec les Anglais, notre infériorité, quand elle a eu lieu, a dépendu, non pas assurément d’un plus grand courage des matelots ennemis, mais d’une plus longue expérience. Eh bien cette plus longue expérience sera sans gravité