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LES CHEMINS DE FER.

Je suis fâché de répondre à M. de Lamartine par une chose qui sera très-peu poétique, par un fait. En 1809, Napoléon ordonna que tous les canaux ou même toutes les portions de canaux appartenant à l’État fussent vendus.

Il y a, Messieurs, une question qui a occupé beaucoup de place dans ce débat, c’est la question de l’agiotage. On a dit que, si l’on concédait les chemins à des compagnies, on fournirait à l’agiotage, à cette plaie, a-t-on dit, des temps modernes, de notre époque un nouvel aliment.

Mais l’administration vous a déclaré, dès l’origine ; elle vous a déclaré hier encore par la bouche de M. le directeur général des ponts et chaussées, que l’on voulait concéder aux compagnies une longueur de chemins de fer trois fois plus grande que la longueur que le gouvernement se réserve. Et je vous le demande, est-ce que l’agiotage ne s’exercera pas sur ces ramifications comme sur le chemin principal ? Et ne croyez pas d’ailleurs que ce qu’on appelle des rameaux, ce soit chose insignifiante. Le chemin de Belgique, projeté par le gouvernement, doit passer par Amiens et aboutir à Lille. Arrivé à Amiens vous rencontrez un autre chemin qu’on appelle arbitrairement un rameau ; cette portion, tout aussi longue que celle qui va d’Amiens à Lille, irait d’Amiens à Boulogne. À combien l’a-t-on estimée ? 40 millions. Si j’en crois les déclarations des personnes intéressées, entre autres celle du maire de Boulogne, le gouvernement veut concéder ce rameau, cet embranchement à une compagnie particulière. Eh bien, est-ce que la spéculation ne pourra