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MACHINES À VAPEUR
§ 8.
1698. Le capitaine Savery.

Nous n’avons aucune preuve que Salomon de Caus ait jamais fait construire sa machine à feu. J’en pourrais dire

    du docteur Robison (voyez la dernière édition commentée par Watt), y trouveront, p. 49, que le premier mémoire de Papin (First publication) sur les Machines à feu est de 1707 ; que ce mécanicien n’a point proposé d’employer un véritable piston, mais un simple flotteur ; que jamais, et c’était là l’important, il n’avait songé à produire le mouvement descendant d’un piston par la condensation de la vapeur. Ces arrêts sont consignés aussi dans l’Encyclopédie du docteur Rees, feuille F2, article Steam engine. L’auteur de cet article a lu, dans les Actes de Leipzig, la description des machines dans lesquelles Papin essayait de faire le vide à l’aide de la poudre, car il les cite ; mais, par une fatalité inexplicable, le Mémoire inséré dans les mêmes Actes où Papin substitue la vapeur d’eau à la poudre n’a pas attiré ses regards, puisqu’il déclare que jamais les appareils du mécanicien français ne furent intented to be worked by steam. M. Millington n’est guère plus favorable à notre compatriote, dont les idées, dit-il, sur les moyens de produire une puissance motrice à l’aide de la vapeur, sont toutes postérieures à la patente de Savery (p. 255) ; (la patente de Savery est de 1698). M. Lardner assure également, dans les leçons qu’il a publiées récemment, que les Français appuient leurs prétentions à l’invention de la machine à vapeur, sur un ouvrage de Papin qui n’a paru qu’en 1707, neuf ans après la date du brevet de Savery. Cette remarque, ajoute-t-il, tranche tout à fait la question : Papin n’a droit à aucun partage dans l’invention de la machine a vapeur (Voyez Leçons sur la Machine à vapeur, p. 96, 97 et 101 de l’édition française).

    N’est-il pas vraiment bizarre que la plupart des auteurs anglais s’obstinent ainsi à ne citer qu’un seul ouvrage de Papin, celui de 1707 ; qu’ils ne veuillent tenir aucun compte de l’ouvrage beaucoup plus volumineux auquel j’ai emprunté textuellement divers passages et dont il a paru deux éditions dans la même année 1695, l’une à Cassel en français, l’autre à Marbourg en latin ; que tous les Mémoires de cet auteur, insérés dans les Actes de Leipzig, leur parais-