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un rôle convenable dans les batailles dès qu’on s’est occupé de science ? Eh ! Messieurs, les anciens travaux hydrographiques de M. l’amiral Roussin l’empêchèrent-ils donc de forcer l’entrée du Tage ? (Très-bien ! très-bien !)

Si on le désire, j’envisagerai la question par une autre face. Demandez à la marine de citer les expéditions dans lesquelles l’intervention des savants a été nuisible. Qui saurait, en ce moment, qu’il existe un bâtiment de l’État qui, sous le nom de Bonite, fait un voyage de circum-navigation, si l’Académie des sciences ne lui avait donné des instructions, si elle ne lui avait tracé un cadre de recherches ?

N’est-il pas d’ailleurs arrivé souvent que l’administration de la marine a organisé ses expéditions d’après ses propres idées, sans aucune intervention des corps académiques ? A-t-on fait alors des merveilles ? Tout le contraire ces expéditions n’ont produit que de très-minces, de très-insignifiants sésultate.

Voyez, par exemple, le voyage de la Favorite par le capitaine Laplace, ce voyage est certainement très-amusant, très-curieux ; mais quant aux renseignements nautiques, on n’y trouve presque rien. J’ai parcouru avec le plus grand soin les quatre volumes dont il se compose, et je n’y ai pas aperçu une seule observation sur la température de la mer ; et cependant la température de la mer n’est pas seulement une donnée scientifique, elle intéresse au plus haut degré la navigation. C’est par des observations de la température de la mer que l’on résoudra tôt ou tard le problème, jusqu’ici inextricable, des courants ; c’est